Faire de la veille concurrentielle : un début ?
Dès la création de son entreprise, le dirigeant s’interroge sur ces concurrents, se compare à eux. Pour autant, une fois la tête dans le guidon de la prospection, du développement commercial et stratégique, le temps se réduit et les choses deviennent plus compliquées. Difficile de faire pause, de s’arrêter et de faire un état des lieux des progrès de ses concurrents traditionnels, d’identifier d’éventuels nouveaux (petits ou grands). Les activités de veille doivent faciliter cette information en continu et sont un passage obligé pour maintenir en vie son entreprise. Cela sera-t-il suffisant ?
Alain Juillet, l’un des monsieur Intelligence économique français a raconté lors d’une conférence l’histoire d’un boulanger, inquiet de ne plus voir la file habituelle devant sa boutique, qui avait décidé d’aller faire un tour chez les voisins. Rapidement en identifiant les fournisseurs, il avait identifié des baisses de coûts potentiels pour ces propres produits. Une vitrine mieux habillée, mieux décorée avaient donné envie à ses clients d’aller ailleurs. Retard vite rattrapé avec quelques réflexions. La veille concurrentielle doit donc être une réalité.
Pour autant difficile d’imaginer Kodak ne pas faire de veille, au moins au sein de sa division marketing, sur les appareils concurrents tout comme blackberry ? Suivi des prix, des progressions de chiffres d’affaires, des améliorations des produits proposés par leurs concurrents directs ?
Mais aujourd’hui cette étape nécessaire est-elle suffisante ?
Dans les cours de stratégie, de marketing, on évoque là aussi un grand monsieur de la stratégie (Michael PORTER) à l’origine de différentes matrices. On lui doit notamment les 5 forces qui pèsent sur l’entreprise. . Pour 3 d’entre elles, elles sont naturelles : clients, concurrents, fournisseurs. Aujourd’hui s’intéresser à ces 3 premières forces est toujours aussi importants, mais il est de plus en plus capital de se poser la question des nouveaux entrants et des produits de substitution.
« Qui pourrait tuer Axa ? Je me pose cette question tous les jours ». Henri de Castries, PDG d’Axa, déclarait en Octobre 2015 « que la taille ne protège plus […] il n’y a pas de donjon ».
Tout le monde est donc concerné?
Que feront les dirigeants d’auto-école face à la voiture connectée ? Et les chauffeurs de taxis si souvent dans la rue se battent-ils contre la vraie concurrence ? Que feront les experts comptables face au logiciel de Business Intelligence ? Et les professions libérales réglementées résisteront-elles face à l’uberisation ? Que feront les professions médicales face aux développements de l’intelligence artificielle telle que celle mise en œuvre dans le logiciel Watson ?
L’artisan pâtissier a-t-il envisagé qu’Amazon puisse devenir son concurrent dès lors qu’il offrira la capacité de livrer des produits frais en 2h ?
Flippant cet article oui, certainement !! Mais il est possible de trouver des solutions ! Comment ? En imaginant de nouveaux modèles économiques : plus agile ? Plus local? Plus digital ? En comparant ses pratiques à celles de groupes beaucoup plus importants ou a contrario en identifiant les startups de demain ? En prolongeant sa veille concurrentielle traditionnelle, par une véritable action autour de l’innovation, voir se tourner vers l’open innovation. Etre disruptif est certainement LA clé.