Quels points communs existent-ils entre : la radioactivité, le four à micro-onde, la pénicilline, dynamite, Teflon, post-it, tarte tatin, bêtises de Cambrai, aspartame et Viagra ….Du hasard, de la persévérance, de la curiosité, de la sérendipité peut être ?
Dernièrement, je suis tombée (par hasard ou par curiosité^^) sur un article de HBR France sur les 5 dimensions de la curiosité. Les études présentées dans l’article m’ont interpellé. En effet, elles démontraient que stimuler la curiosité chez des enfants de 3 à 11 ans leur permettaient d’obtenir 12 points de plus aux tests d’intelligence. La curiosité poussant à l’engagement, elle permet d’obtenir des performances plus élevées, de favoriser la persévérance, le courage, tout en procurant bonheur et satisfaction.
Serait-ce pour cette raison que dans chaque annonce d’emploi (ou presque) pour un poste d’analyse en veille, le savoir être attendu est la curiosité. Mais qu’attends un recruteur lorsqu’il parle de curiosité dans son offre ? En quoi cette compétence est-elle effectivement l’essence même du métier de consultant en veille et en intelligence économique ?
Qu’est ce que la curiosité ?
Ainsi si elle est considérée dans certains cas comme un vilain défaut, la science la juge positive lorsqu’elle aide à rendre le monde plus intelligible. Cette capacité à apprendre, à s’intéresser à un sujet nouveau, a été défini par Daniel Berlyne dans les années 1950. Il parlait de « curiosité de diversion » pour parler de la cherche d’équilibre entre la sous stimulation (tâches récurrentes, absences de nouveautés, routine…) et la surstimulation (situation totalement nouvelle, complexe, conflictuelle parfois….). George Lowenstein a été plus loin dans la théorie en expliquant que la curiosité naissait lorsqu’il y avait un « défaut d’informations ». Or c’est bien là qu’interviennent les consultants en veille stratégique, en proposant des analyses pertinentes sur l’environnement des entreprises et en mettant en évidence des informations qui manquent aux dirigeants pour prendre des décisions stratégiques.
Pourquoi le veilleur doit être curieux ?
La curiosité du veilleur consiste à s’interroger « éternellement » sur le pourquoi ? Et à chercher à tout prix à y répondre car derrière chacune des explications se trouvent certainement une information utile pour son client, quitte à déborder parfois de la méthode bien défini pour rechercher de l’information ou mettre en place un plan de veille. Les pérégrinations des consultants sur la toile numérique leur offrent l’opportunité, parfois hasardeuse, de trouver une information qu’ils ne cherchaient pas et qui peut s’avérer bien plus utile, plus pertinente que l’information cherchait à l’origine. On ne parle plus alors de curiosité, mais de sérendipité !. De la chance, peut être, mais comme le disait le Général Mac Douglas, « la chance, c’est la faculté à saisir les opportunités ».
La sérendipité a été défini par Horace Walpole en 1754 (bien avant que les philosophes ne s’attardent sur la notion de curiosité) comme « la faculté à découvrir par hasard, mais grâce à une bonne disposition de l’esprit, des choses qu’on ne cherchait pas forcément. Être curieux favoriserait donc cet art, car il s’agit de cela, à trouver des choses qu’on ne cherchait pas, en prêtant attention à ce qui surprend, et en imaginant une interprétation pertinente de cette découverte. Ainsi, le four à micro-onde, le post-it, la radioactivité, la tarte tatin ne sont peut-être pas seulement des faits du hasard, mais d’un brin de curiosité et de sérendipité.
Les clients des cabinets de conseil, et par ricochet les recruteurs de ce mêmes cabinet, recherche ces savoir-être qui feront que l’idée folle d’aujourd’hui sera la solution de demain.
Est-ce que la sérendipité, comme la curiosité, peut s’apprendre?
Il s’agit avant tout d’un état d’esprit, cependant quelques clés peuvent aider pour le développer. Il faut avoir l’intention de trouver quelque chose d’improbable, d’inattendu. Ainsi poser une vision de son entreprise, une mission stratégique va favoriser la sérendipité. Il faut ensuite être ouvert à la nouveauté. ). Les rencontres et les réseaux de dirigeants sont aussi de bons moyens de s’ouvrir à l’innovation, à la différence et donc de favoriser la sérendipité. La veille est un bon moyen de favoriser la curiosité, pourvu que le veilleur fasse régulièrement le point entre sa stratégie globale et la stratégie de l’entreprise, qu’il mette ses sources à jour, les ouvre sur les nouvelles tendances de son secteur, qu’il utilise pleinement les capacités d’analyse sémantique proposé par les outils et/ou qu’il favorise l’intelligence collective en mettant en place des temps d’échanges sur un « truc » qui a attiré l’attention des collaborateurs (pro ou perso). Prendre le temps de benchmarker (comparer) ses pratiques d’entreprise avec une entreprise d’un autre secteur est également une solution pour découvrir des opportunités d’évolution.
« Et si le vagabondage pouvait être créateur » ? La méthodologie de questionnement développée par les consultants en IE doit justement avoir pour but d’optimiser ce vagabondage, de le cadrer à minima pour qu’on ne manque rien (sous-stimulation) ou qu’on s’y perde (sur-stimulation).
Curieux d’en savoir plus ? Et si en cliquant sur ce lien, vous faisiez une découverte utile et inattendu ?